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Nadine Legrand

To be or not to be me...

À l'instar des autres artistes, les auteurs souhaitent être (re)connus, pourtant nombreux sont ceux qui décident de prendre un nom de plume, soit parce que l'écriture n'est pas leur activité première, soit pour préserver leur identité. Un débat intérieur auquel j'ai également été confrontée.


Je crois pouvoir affirmer sans trop me tromper que la plupart des personnes qui s'adonnent à une activité artistique recherchent si pas la notoriété à tout le moins la reconnaissance d'un certain talent. Et, au risque de vous décevoir, je ne fais pas exception à la règle.

Après avoir terminé l'écriture de 'Bug it', mon premier roman, la question de sa publication s'est rapidement posée, puisque l'idée derrière ce projet n'était autre que la concrétisation d'un rêve, à savoir : voir mon livre publié et présenté dans les vitrines des librairies.

Alors que je m'étais toujours dit que si je devais un jour être 'célèbre', ce serait sous les nom et prénom que mes parents m'avaient donné à la naissance, mon mari attira mon attention sur le fait que l'écriture de romans n'étant pas mon métier, en tout cas pas pour le moment, il serait peut-être plus sage de choisir un nom de plume pour garder ces deux facettes de ma vie séparées.

Si ton livre est un succès, tu seras peut-être bien contente qu'on ne connaisse pas ta véritable identité...

Si je peux concevoir que la célébrité puisse être un fardeau pour les stars, et quand je dis stars, je songe aux acteurs, aux chanteurs, aux humoristes, aux animateurs, bref à toutes ces personnes qui déplacent les foules, je pense que la situation est tout à fait différente pour les auteurs de romans.


Quoique certains d'entre eux déchaînent également les passions, loin de moi l'idée de minimiser leur aura, je pense toutefois qu'il est plus facile de garder une vie normale lorsqu'on est écrivain, et surtout un écrivain débutant qui ne vend pas beaucoup de livres. Ce qui sera mon cas puisque, même si je rêverais qu'il en soit autrement, je ne suis encore personne dans le monde de la littérature, je n'ai pas un parcours de vie atypique qui me confèrerait une personnalité 'bankable', bref personne ne m'attend et la probabilité que je fasse une entrée fracassante au box office des meilleures ventes littéraires est tout aussi faible que celle que je survive à une chute libre de 3.000 mètres sans parachute.

Alors pourquoi ne pas profiter de mon modeste réseau pour me sortir de l'anonymat ?

Qui plus est, n'oublions pas qu'aujourd'hui presque tout le monde existe sur la toile, que ce soit par le biais d'un compte LinkedIn, Facebook, Instagram ou Twitter, et qu'il ne faudrait donc pas être un génie en informatique pour retrouver ma vériable identité puisque je n'avais de toute façon pas l'intention de disparaître des réseaux sociaux en tant que moi, alors à quoi bon ? D'autant que le choix d'un nom de plume n'est pas une mince affaire, croyez-moi.

Je ne compte en effet plus les heures passées à jongler avec les prénoms et les noms pour trouver un patronyme qui me plaise, qui sonne bien et qui ne soit pas déjà pris par quelqu'un d'autre. Et puis, changer de nom comme ça, du jour au lendemain, n'est pas une chose aisée. Il assimiler cette nouvelle identité au risque de se trahir en se retournant en pleine séance de dédicaces à la Foire du Livre lorsque quelqu'un crie votre vrai prénom...


L'alternative me direz-vous étant bien évidemment de garder mon prénom et de ne changer que mon nom de famille, mais là encore à quoi bon, surtout lorsque l'on sait qu'il suffit de télécharger une photo sur Internet pour que Google vous dise tout ce qu'il y a à savoir sur cette même image.

Après beaucoup de tergiversations, j'ai donc fini par trancher et j'ai décidé de garder mon nom de baptême, celui qui m'a plutôt porté chance jusque-là. À la question to be or not to be me, j'ai donc choisi d'être moi.

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