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Capricieuse inspiration

Bien que le cerveau ne soit pas à proprement parler un muscle, il a été démontré que plus vous le faisiez travailler, plus il était performant. L'inspiration trouvant sa source dans les tréfonds du cerveau, il y avait donc fort à parier qu'elle reposerait sur les mêmes fondements. Une théorie que j'ai eu tout le loisir de vérifier.


Après avoir eu ce que je voulus croire être une brillante idée, je me mis donc à écrire, convaincue que cette idée seule suffirait à nourrir mon inspiration et faire défiler les mots sous mes doigts. Mais comme beaucoup d'écrivains en herbe avant moi, et d'autres plus expérimentés aussi d'ailleurs, je fus bien vite confrontée au syndrome de la page blanche.


Je dois bien avouer que les premières semaines de mon aventure littéraire furent plutôt frustrantes car, malgré mon enthousiasme et mon envie d'écrire, force était de constater que mon inspiration m'abandonnait systématiquement après la rédaction d'une page A4, soit un peu plus de 500 mots. Après quoi, j'avais beau lire et relire ce que j'avais écrit, plus rien ne venait et il me fallait attendre le lendemain pour que la machine se remît en marche.


Puis, lentement mais sûrement, le nombre de mots écrits sur une journée augmenta, et alors que l'écriture des premiers chapitres me prenait un bon mois en moyenne, celle-ci passa rapidement à 15 jours puis une semaine. À ce stade du processus créatif, je pouvais arrêter et reprendre l'écriture quand bon me semblait sans que l'inspiration ne me fît défaut.

J'avais l'impression que rien ni personne ne pourrait m'arrêter, ce qui fut une grave erreur...

Enorgueillie par mon aisance rédactionnelle du moment, je résolus de me rendre à la Foire du Livre de Bruxelles pour prendre quelques contacts auprès des maisons d'édition. L'une des personnes rencontrées me prodigua alors le conseil suivant : si vous êtes dans une phase prolixe, n'arrêtez surtout pas d'écrire ! Un judicieux conseil que je choisis pourtant d'ignorer.


Pas sciemment bien sûr, je n'avais aucunement l'intention d'abandonner ce projet qui me tenait tant à cœur, mais j'étais tellement persuadée qu'en l'état actuel des choses, un ralentissement de mon processus créatif ne porterait pas à conséquence, que je ne pris pas cette mise en garde au sérieux.


Et, il ne fallut pas longtemps pour que cette recommandation prît tout son sens. Après un peu plus d'un an et demi passé entre mes quatre murs, je repris une activité rémunérée, cédant ainsi à la pression familiale. Les premiers mois, je parvenais encore à écrire le weekend sans trop d'efforts, mais plus le temps passait et plus l'inspiration se faisait rare.

Si bien qu'un beau jour, la source se tarit purement et simplement, et je dus mettre mon beau projet au placard.

Quatre ans plus tard, le décès prématuré de l'une de mes collègues me ramena à mon livre. Consciente que tout pouvait s'arrêter du jour au lendemain, je me dis que je ne voulais pas avoir de regret et laisser mon livre inachevé, d'autant que les grandes lignes de l'histoire et la scène finale du livre étaient déjà écrites. Alors, je me remis au clavier avec confiance.


Mais je ne tardai pas à constater que cette histoire qui était mienne ne m'appartenait plus. J'avais beau savoir ce qu'il devait se passer ensuite, rien ne venait. Alors, je me mis à réécrire les premiers chapitres afin de me reconnecter à mon histoire et à mes personnages. Et puis, lentement, très lentement, l'inspiration revint, je fis à nouveau corps avec mon histoire, et je finis enfin par écrire cette dernière scène que j'avais imaginée quatre ans plus tôt !


En conclusion, je dirais que l'inspiration est une bête magique et capricieuse qui ne demande qu'à se faire dompter. Alors, si vous avez un coup de mou et que les mots ne viennent plus, ne perdez pas courage et persévérez !

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