On dit que les choses n'arrivent jamais par hasard. Avec le recul, je me dis que mon licenciement fut une chance ou à tout le moins une opportunité. Même si je dois bien avouer qu'à l'époque, il m'apparut bien plus comme une trahison.
Étant d'une nature plutôt enthousiaste et passionnée, j'ai tendance à me jeter corps et âme dans ce que je fais, et ma vie professionnelle n'échappe pas à la règle. Consciencieuse et perfectionniste, j'ai toujours recherché la reconnaissance de mes supérieurs. Alors, lorsque mon patron me signifia du jour au lendemain qu'il mettait un terme à mon contrat, j'avoue que la pilule n'est pas bien passée.
L'arrêt subit de mon activité professionnelle couplée à la crise de la quarantaine allaient en effet me plonger dans un certain marasme pour ne pas dire un marasme certain. Et, le peu de réponses reçues dans le cadre de ma recherche d'un nouvel emploi n'allaient de toute évidence pas m'aider à me ragaillardir.
J'en étais d'ailleurs arrivée à la conclusion que j'étais bonne à jeter. Bien que cette conclusion fût exagérée et fort peu rationnelle, la perte de mes repères me pesait. Je n'avais plus de but dans la vie, mis à part faire les courses, le ménage et gérer le quotidien de mon foyer, ce qui en soi est tout à fait louable, mais ne me suffisait pas.
Il me fallait donc trouver un projet, quelque chose pour m'occuper l'esprit, me sentir utile et rebooster mon ego. C'est alors que l'importance de l'écriture comme exutoire et source d'énergie allait s'imposer à moi.
L'écriture d'un roman était un rêve que je carressais depuis de nombreuses années, mais je n'osais croire ce rêve accessible, faute de temps.
Lorsqu'on travaille toute la journée et qu'on a charge de famille, il n'est en effet pas toujours évident de trouver du temps pour soi. Et puis voilà que tout à coup, la vie me donnait bien malgré moi tout le temps dont j'avais besoin pour me consacrer à cet ambitieux projet. Je n'avais donc plus d'excuses pour ne pas me jeter à l'eau.
Mais voilà, vouloir écrire un livre est une chose, y parvenir en est une autre.
Surtout lorsqu'on ne sait pas comment s'y prendre. J'avais beau avoir une formation littéraire, puisque je suis traductrice, je n'avais jamais suivi de cours d'écriture. Alors pour gagner un peu de temps, j'ai commencé par me créer un cocon, un espace rien qu'à moi où je pouvais m'isoler et laisser mon esprit vagabonder.
Une fois que ce fut chose faite, je me suis donc installée confortablement dans mon bureau et j'ai commencé à écrire. Après avoir écrit mon premier chapitre à l'aveugle, je pris conscience qu'il me fallait structurer mon histoire au risque de voir celle-ci truffée d'incohérences.
J'ai donc interrompu l'écriture de mon livre pour m'atteler à celle de mon histoire et réfléchir aux personnages, à l'intrigue mais aussi et surtout aux événements clés qui allaient la constituer. Mon canevas terminé, je répartis les différents éléments en chapitres, histoire de distiller les informations au fil des pages.
J'étais lancée et plus épanouie que jamais ! C'est ainsi que des semaines durant, j'ai passé mes journées à tapoter sur mon clavier. J'étais dans ma bulle et, grâce à l'écriture, je repris lentement mais sûrement confiance en moi.
Aujourd'hui, je suis heureuse d'avoir su transformer cet échec en opportunité. Je suis heureuse de m'être lancée dans cette aventure et d'avoir été jusqu'au bout de mon rêve.
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