<Obsession>
La vérité est comme un puzzle, à ceci près que le nombre d'éléments qui la constituent n'est pas connu à l'avance. Or elle ne peut apparaître qu'une fois que tous les morceaux de la mosaïque ont été assemblés.
Sebsatian Fitzek
Extrait
Les yeux bandés, les bras et les jambes entravés par des sangles, Perrine n’avait d’autre choix que de s’abandonner à ses autres sens pour tenter d’appréhender le monde qui l’entourait. Malgré son bandeau, elle pouvait deviner la lumière d’un néon vaciller et plonger par intermittence la pièce dans une pénombre inquiétante. Elle constata que son ouïe compensait désormais son infirmité visuelle, car elle percevait au loin des bruits feutrés de pas qui se rapprochaient, inexorablement.
Tous ses sens aux aguets, la jeune femme sentait la peur lui nouer la gorge et le ventre, et le stress qui la pétrifiait emballer les battements de son cœur. Chaque minute venait prolonger l’attente, chaque bruit décupler l’angoisse et renforcer le joug de son ravisseur. Affaiblissant son corps, épuisant ses nerfs et torturant son esprit. Elle sentait peu à peu la raison l’abandonner tandis qu’elle ressassait inlassablement les mêmes interrogations. Où suis-je ? Qui est cet homme ? Que me veut-il ? Pourquoi me retient-il ainsi prisonnière ?
Soudain, alertée par son instinct de survie, Perrine s’agita et se mit à trembler. De temps à autre, elle laissait échapper des cris étouffés qui, tel un râle plaintif, venaient perturber le silence oppressant de cet endroit inhospitalier. L’écho des pas résonnait à présent dans ses entrailles, lui signifiant que son tortionnaire n’était plus très loin.
L’homme, qui s’avançait tranquillement, regardait le corps de la jeune femme se débattre de plus en plus frénétiquement à mesure que s’amenuisait la distance qui les séparait. La terreur qui émanait de cet être si frêle et si fragile aiguisait son désir et, la tête inclinée, il se délectait de ce spectacle tout en resserrant avec avidité les doigts sur le manche de son couteau. À cet instant précis, son excitation était telle qu’elle transformait son corps, augmentant sa température, accélérant son pouls et inondant sa bouche de salive. Salive qu’il aspirait bruyamment et avec une jouissance non dissimulée pour exacerber encore la torture psychologique qu’il infligeait à sa future victime.